Le Viol

L’espace amoureux est un assemblage réalisé à partir d’une oeuvre in situ.

L’oeuvre in situ est un couple sculpté, grandeur nature, constitué de fer à béton, de vêtements personnels recouverts de filasse trempée dans du plâtre à modeler. Chaque statue est recouverte d’une mosaïque de fragments de verre.

A l’aide de son tracteur mon mari, aidé de moi-même, installa le couple en bas de notre terrain -dans la vallée du Maine, à l’intérieur d’une petite mare de notre bois- afin qu’il y ait interaction de l’oeuvre sur le milieu végétal et du milieu végétal sur l’oeuvre.

La Nature est ce qui est vivant et originaire. Par la Culture, l’Art, s’effectue la prise de conscience de la Nature. Les êtres participent au titre de microcosmes du mouvement ou cycle naturel. C’est ce que j’appelle l’osmose ou écoute de la nature.

L’assemblage est constitué de photographies de la destruction des statues, s’évanouissant dans l’environnement, de photographies de cet environnement au cours des saisons et de prélèvements saisonniers.

Ces témoignages ou relevés ont été effectués de 1996 à 2004 afin d’enregistrer la dégradation progressive du couple.

L’assemblage est une vitrine de 175 cm. de hauteur, 86 cm. de largeur et 3,5 cm. de profondeur. Les cases recevant les prélèvements ont 17 cm. de largeur et varient leur hauteur selon les prélèvements. Les photographies sont disposées dans un porte-photographies en plastique qui renvoie les reflets de la lumière. Les éléments naturels sont consciencieusement alignés comme l’étaient jadis les produits dans les casiers verticaux de l’épicerie de ma mère.

A partir de 2006 ce travail s’appelle le viol. En effet une partie de mon adolescence comportait « un trou noir » ; ce qui intriguait ma psychothérapeute. J’étais incapable de me souvenir des évènements, des dates. Jusqu’au jour où une bouteille d’eau, vide, en plastique transparente et bleutée, à côté des restes de la sculpture « homme», fit resurgir en moi l’image de ma chemise de nuit transparente et bleue, les affects et les souvenirs d’un évènement traumatisant.

Cette oeuvre exorcise et sublime le chao, la souffrance, la honte.

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